LES LÉSIONS DE LA PEAU : LES ROUGEURS

LES LÉSIONS DE LA PEAU : LES ROUGEURS

Éruptions érythémateuses, érythémato-squameuses, papuleuses, vésiculeuses, bulbeuses
I. L'ÉRUPTION EST PLANE, SANS RELIEF, SANS SQUAMES
II. L'ÉRUPTION PRةSENTE UN RELIEF OU DES SQUAMES

Éruptions érythémateuses, érythémato-squameuses, papuleuses, vésiculeuses, bulbeuses.

Les éruptions rouges de la peau sont diverses. Le premier acte de la recherche du diagnostic sera l'analyse des éléments constituant l'éruption. Tout d'abord l'éruption peut être plane, sans relief, faites de petites taches ou de grandes plaques rouges. Ailleurs l'éruption comportera des papules : « taches » saillantes, en relief, que l'on peut sentir en passant le doigt dessus. Il peut exister des squames, qui sont de petits bouts d'épiderme qui se détachent « en copeau » de la lésion, ressemblant à l'aspect de la peau qui pèle après un coup de soleil.

Enfin l'éruption peut comporter des vésicules, des pustules (petites élévations arrondies de l'épiderme contenant respectivement un liquide clair ou du pus) et des phlyctènes : élévations plus importantes, pouvant aller jusqu'à de grands décollements de l'épiderme et qui contiennent des sérosités claires. Les vésicules, pustules et phlyctènes sont l'objet d'un autre « Arbre à symptôme », elles ne sont que citées ici.

Le contexte général, les atteintes associées, la topographie de l'éruption (les zones du corps atteintes) et la présence ou non de démangeaison (prurit) précisent le diagnostic.

I. L'ةRUPTION EST PLANE, SANS RELIEF, SANS SQUAMES.

(Les squames sont petits bouts de peau qui se détachent comme lorsque la peau pèle après un coup de soleil).
• Si ce n'est pas le cas reportez-vous au paragraphe II.

A. L'éruption érythémateuse (rouge) sans relief apparaît dans les dix jours qui suivent le début d'une prise de certains médicaments :
• Si ce n'est pas le cas reportez-vous au paragraphe B.

1. Les antibiotiques de la famille des pénicillines

2. L'aspirine

3. Les anti-inflammatoires

4. Les sulfamides.

B. Elle est faite de grandes plaques rouges foncées ne laissant pas apparaître de peau saine (on parle d'éruption « scarlatiniforme »).
• Si ce n'est pas le cas, reportez-vous aux paragraphes C et D.

1. La langue se modifie, d'abord couverte d'un enduit blanchâtre, puis devenant en 5 ou 6 jours rouge écarlate :
• Si ce n'est pas le cas reportez-vous au paragraphe 2. Il s'agit probablement d'une scarlatine.

2. La langue ne se modifie pas :
a. Une fièvre élevée, de grands frissons, une chute de la tension artérielle (collapsus) font penser à une septicémie.
b. Une fièvre et une diarrhée fait penser à une typhoïde.

C. L'éruption est faite de petites tâches rouges (macules) laissant entre elles des intervalles de peau saine. On parle d'éruption « morbilliforme » :
• Si ce n'est pas le cas reportez-vous au paragraphe D.

1. L'éruption débute à la face (ou derrière les oreilles).
• Si ce n'est pas une éruption débutant à la face reportez-vous au paragraphe 2.
a. Associée à de la fièvre, il s'agit probablement d'une rougeole (l'éruption débute derrière les oreilles, à la face avant de descendre en trois jours jusqu'aux jambes). On retrouve souvent de petits points bleuâtres à l'intérieur des joues.
b. Sans fièvre (ou discrète) :
- l'éruption prédomine aux joues et aux fesses, accompagnée de nombreuses adénopathies (ganglions) chez un enfant non vacciné, on pense à une rubéole.
- L'éruption, chez un enfant de 5 à 12 ans, forme des arabesques : on pense à la « cinquième maladie ».

2. L'éruption ne débute pas à la face :
a. Chez un enfant entre 6 et 18 mois, une brutale éruption débutant juste après une poussée de fièvre supérieure à 40° C. fait penser à un exanthème subit ou « sixième maladie ».
b. Chez un enfant ayant été piqué par une tique lors d'un séjour méditerranéen on pense à une fièvre boutonneuse méditerranéenne.

D. L'éruption est faite de nombreuses petites tâches rosées à peine visibles. On parle d'éruption « roséoliforme ». Si de plus il y a eu un mois et demi auparavant une érosion de la muqueuse génitale on pense à une syphilis dans sa période secondaire.

II. L'ةRUPTION PRÉSENTE UN RELIEF OU DES SQUAMES.

A. L'éruption est constituée de lésions en relief, saillantes (on peut palper le relief quand on passe le doigt dessus), sans squame. On parle de papules.
• Si ce n'est pas le cas reportez-vous aux paragraphes B et C.

1. Les papules, accompagnées d'un prurit, s'étendent puis disparaissent rapidement. Elles apparaissent souvent juste après le contact avec un produit particulier : certains aliments (crustacés), des orties, certains médicaments (pénicilline). On pense alors à un urticaire.

2. Après des piqûres d'insecte on pense à un prurigo.
B. L'éruption est squameuse, c'est à dire que sont associés dès le début la rougeur et les squames.
• Si ce n'est ni une éruption papuleuse, ni une éruption squameuse, reportez-vous au paragraphe C.

1. Les squames sont peu visibles. Il faut souvent que le médecin les gratte avec une curette pour les distinguer.
a. L'éruption est faite de lésions de la taille d'une grosse pièce, dont le bord, surélevé par rapport au centre, est rosé et squameux. Dans un second temps apparaissent des taches rosées squameuses le long des côtes. Il s'agit alors probablement d'un pityriasis rosé de Gilbert.
b. Des petites lésions rouges et squameuses du thorax et des épaules font penser à un pityriasis versicolor.
c. Des petites lésions rouges couvertes de squames grasses siégeant au niveau du cuir chevelu, des oreilles, du milieu de la face font penser à une dermite séborrhéique.
d. Les lésions apparaissent quelques mois après une ulcération génitale, on pense à une syphilis dans sa période secondaire.

2. Les squames sont épaisses, nettement visibles.
a. L'éruption survient après une conjonctivite et une urétrite. On pensera à un syndrome de Feissinger-Leroy-Reiter.
b. Les plaques rouges, bien limitées, sont recouvertes de squames brillantes, au niveau des coudes, des genoux, du cuir chevelu, des paumes des mains et des plantes des pieds. Il s'agit d'un psoriasis.
c. Les squames, très adhérentes, sont accrochées par des « crampons » ; la peau est amincie au centre de la plaque. D'autant plus s'il y a des douleurs articulaires associées, on pense à un lupus.

C. L'éruption comporte des vésicules, des phlyctènes ou des pustules, reportez-vous à l'Arbre à symptôme « Lésions de la peau : boutons ».