LA TEMPÉRATURE, LA FIÈVRE

LA TEMPÉRATURE, LA FIÈVRE

I. LES FIÈVRES INFECTIEUSES LES FIÈVRES NON INFECTIEUSES

Jusqu'à présent, depuis 120 ans, on parlait de fièvre si la température corporelle montait au delà de 37°C le matin et de 37,5°C le soir. D'après une étude américaine réalisée par une équipe de l'université du Maryland, la température normale est de 37,2°C le matin et 37,7°C le soir. Cette étude montre en outre que les femmes ont naturellement une température plus élevée que les hommes, de quelques dixièmes de degré. Ces chiffres sont significatifs si quelques règles simples ont été respectées.


La prise de la température intra-rectale par un thermomètre classique (à mercure) est la plus fiable ; les températures buccales ou sous les bras sont beaucoup moins sûres. Enfin, pour être exacte, la température doit être prise au repos et loin d'un repas, car l'activité physique comme la digestion font monter légèrement la température.
Un très grand nombre de maladies donnent de la fièvre. Ces maladies sont le plus souvent des infections dues à des virus, des bactéries, des parasites ou des champignons mais pas uniquement. En effet la fièvre peut également être le témoin de nombreuses maladies non infectieuses (cancers, thromboses artérielles ou veineuses, allergies). On distingue donc les fièvres d'origine infectieuse, bien qu'aucun élément d'orientation simple ne permette de savoir d'emblée dans quel groupe se range la fièvre dont on se plaint. Seul un examen complet par le médecin, aidé par plusieurs examens complémentaires (prises de sang, radiographies...) fera la différence entre fièvre infectieuse et fièvre non infectieuse.

Cet arbre à symptôme sera donc artificiellement séparé entre ces deux groupes :

­ une première branche pour les fièvres infectieuses au sein desquelles il sera possible de s'orienter suivant les symptômes associés et les anomalies retrouvées par le médecin.

­ une deuxième branche où l'on ne fera que citer les maladies non infectieuses qui donnent de la fièvre. Car donner une idée du cheminement nécessaire pour arriver à chacun des diagnostics aurait nécessité l'équivalent de ce présent arbre à symptôme dans chacun des cas.

Enfin il faut savoir que, assez souvent, une fièvre ne nécessite pas une recherche approfondie du diagnostic si elle répond à trois critères :

­ il n'y a pas de symptômes associés inquiétants ou inhabituels : par exemple le pouls n'est pas trop accéléré, la respiration est normale,

­ l'examen par le médecin est normal,

­ la fièvre cède spontanément en quelques jours.
En effet il s'agit alors d'une fièvre sans gravité due souvent à une « rhinite » virale (un rhume), une grippe simple (mais attention, parfois la grippe est grave).

I. LES FIÈVRES INFECTIEUSES.

Ce sont les fièvres dues à des infections par les virus, les bactéries, les parasites et les champignons. Les symptômes associés à la fièvre et l'examen du médecin permettront de suspecter le diagnostic.

A. La fièvre s'accompagne soit de toux, soit de crachats (expectorations), soit de difficultés à respirer. La maladie est alors probablement pulmonaire.
• Si ce n'est pas le cas reportez-vous aux paragraphes B à I.

1. Ces symptômes s'accompagnent, à l'auscultation des poumons par le médecin, de bruits anormaux qui « crépitent » en regard d'une zone localisée des poumons : le diagnostic évoqué est celui de pneumonie ou d'abcès pulmonaire.

2. La percussion du thorax rend un son mat : le diagnostic évoqué est celui de pleurésie d'origine infectieuse.

3. La fièvre s'accompagne d'une grande fatigue et la personne vit dans de mauvaises conditions socio-économiques, notamment si elle est immigrée : on pensera alors à une tuberculose.

4. La fièvre est associée à des céphalées, des douleurs articulaires et musculaires, des yeux injectés, une difficulté à avaler, pendant la période d'une épidémie de grippe déclarée : il s'agit alors probablement d'une grippe.

B. Il existe une diarrhée :
• Si ce n'est pas le cas reportez-vous aux paragraphes C à I.

1. Dans les heures qui suivent l'ingestion d'aliments « douteux » :
- Des œufs, une mayonnaise pas fraîche : on pense à une salmonellose.
- Une pâtisserie laissée longtemps au chaud : la gastro-entérite est due à des staphylocoques.
- Des fruits de mer : une typhoïde est possible.

2. De retour d'un pays tropical :
- Amibiase hépatique
- Infection bactérienne à Escherichia coli
- Shigellose

C. Il existe une brûlure lors de la miction, des mictions trop fréquentes :
• Si ce n'est pas le cas reportez-vous aux paragraphes D à I.

1. La fièvre ne dépasse pas 38°C 38,5°C : il s'agit probablement d'une cystite.

2. La fièvre atteint 39°C 40°C, chez un homme, le médecin pratique un toucher rectal qui révèle, au niveau de la prostate, (vers l'avant) une grande douleur : il s'agit probablement d'une prostatite.

3. La fièvre atteint 39°C 40°C et il y a douleurs lombaires : on pense à une pyélonéphrite.

D. Il existe une éruption cutanée.
• Si ce n'est pas le cas reportez-vous aux paragraphes E à I.

1. L'éruption est faite de taches rouges sur la peau, de tailles variables :
a. Ce sont de grandes plaques rouges foncées : scarlatine
b. Ce sont de petites taches rouges un peu espacées : rougeole, rubéole.

2. L'éruption est faite de vésicules (petit décollement de la peau, en forme de petites gouttes, contenant du liquide) :
- herpès, zona, varicelle
- furoncle.

E. Il existe une jaunisse :
• Si ce n'est pas le cas reportez-vous aux paragraphes F à I.

1. En présence de douleur importante de la partie haute à droite de l'abdomen (hypocondre droit) on pense à une angiocholite (infection due à un caillou, soit une lithiase dans les voies d'évacuation de la bile, c'est-à-dire dans le cholédoque).

2. S'il n'y a pas ou peu de douleurs abdominales on pense à une hépatite virale.

F. Il y a un écoulement génital, des « pertes » souillant les sous-vêtements :
• Si ce n'est pas le cas reportez-vous aux paragraphes G à I.

1. Chez une femme on pense à une infection génitale de l'utérus, des trompes (salpingite) ou de l'ovaire.

2. Chez un homme on pense à une orchite.

3. Dans les deux sexes, dans les jours ou semaines suivant des relations sexuelles sans préservatif, on pense à une maladie sexuellement transmissible.
a. Il y a une ulcération indurée du gland chez l'homme, ou des lèvres génitales chez la femme : on pense à une syphilis.
b. Il y des écoulements purulents génitaux : on pense à une blennorragie.

G. L'auscultation au stéthoscope retrouve des bruits anormaux :
• Si ce n'est pas le cas reportez-vous au paragraphe H et I.

1. Le médecin entend un souffle, on pense à une endocardite.

2. Le médecin entend un frottement, on pense à une péricardite.

H. La fièvre s'accompagne de sueurs abondantes et le médecin palpe une grosse rate :
• Si ce n'est pas le cas reportez-vous au paragraphe I.

1. La fièvre à un rythme de trois temps : d'abord très élevée (40°) avec une forte sensation de chaleur. Puis la fièvre baisse un peu (39°) avec frissons importants et forte sensation de froid. Enfin la fièvre tombe avec d'importantes sueurs. Au retour d'un voyage sous les tropiques on pensera à une crise de paludisme.

2. Si la fièvre est ondulante (monte et descend régulièrement) après ingestion de fromage de chèvre non pasteurisé, on pensera à une brucellose.

3. Il existe une pâleur importante, un pouls rapide et faible, une tension artérielle qui chute, des frissons « secouant » littéralement la personne, il s'agit probablement d'une septicémie.

I. La fièvre est accompagnée d'un amaigrissement, de nombreux ganglions diffus on parle de « polyadénopathies » chez une personne jeune à risque (toxicomanie par intraveineuse, homosexuel, partenaires multiples) on redoute une infection par le virus du sida.

LES FIÈVRES NON INFECTIEUSES.

Identifier l'origine de ces fièvres revient à parcourir la liste des nombreuses maladies qui ne sont pas dues à un agent infectieux (virus, bactérie, parasite, champignon ou mycose), et qui provoquent de la fièvre. (Cette liste n'a rien d'exshaustif.)

A. Les maladies thrombo-emboliques des artères et des veines peuvent se traduire par une fièvre. C'est le cas par exemple de :
- la phlébite
- l'embolie pulmonaire
- l'infarctus du myocarde.

B. Tous les cancers sont susceptibles d'engendrer une fièvre.

C. Ainsi que les atteintes des cellules du sang ( index, Hématologie) :

1. Il peut s'agir d'une diminution importante des globules blancs (agranulocytose).

2. Il peut s'agir d'une destruction exagérée des globules rouges par l'organisme ( index, Hémolyse).

D. Les allergies.

E. Les maladies dites « inflammatoires », qui se traduisent par l'inflammation de plusieurs tissus différents. On ne connaît pas généralement la cause intime de ces maladies. Par exemple :
- le lupus
- la polyarthrite rhumatoïde
- la maladie de Crohn
- la périartérite noueuse
- la sclérodermie.

F. L'hyperthyroïdie.

G. Une « fièvre factice » : certaines personnes, soit lors de pathologies psychiatriques, soit pour en tirer un bénéfice quelconque, vont artificiellement « truquer » leur thermomètre.